Chers enfants,
Je me suis quelque peu absentée, je vous le concède. En bonne routarde qui se respecte, je me suis égarée, « à mille mille de toute terre habitée* », quelque part entre l’océan Indien et Pacifique. Tout aussi pacifique l’objet de ce courrier. Pas un nuage dans l’indigo de votre ciel je vous rassure. Un vrai repos que je n'ai nullement volé… Cette année, fi des Bahamas, j’ai voulu pousser le bouchon un peu plus loin. C'est en suivant les oiseaux migrateurs que j’ai ainsi remonté le ru en face de la guinguette, puis de son meilleur profil la rivière, puis le cours de la Loire le fleuve, enfin la mer, jusqu’à l'Océan…
Sur ce coup-ci, je ne vous raconterai point mon voyage. Pas de regrets, il se résume à lui seul dans la recette transcrite ci-après. Pour tout vous dire : ni folles escapades ni grandes ascensions. Si ce n'est retrouver mon Montauban pour faire ce que personne ne peut faire à ma place. Je bouquine, je cuisine, et je piscine. Au moment même où je vous écris, me voici en tongs, en train de siroter un petit Guignolet allongée dans un transat d'où je peux enfin contempler le monde de votre point de vue. Et oui ! On a tous un côté Mémère !!! Je jardine aussi. J'ai besoin de choyer un peu mes invisibles, ceux que je ne peux voir tous ces mois où je suis dans ma cuisine à vous cuisiner. Rien d'extraordinaire, j'ai besoin comme tout un chacun de me retrouver avec moi-même. Bref comme disait Pépin : procéder à ce que j’appelle mon élagage d’hiver. Il consiste naturellement à évacuer les branches enroulées trop serrées pour rendre à l’arbre toute sa lumière et son oxygène. Pour lui permettre l’arrivée au printemps de fleurs toujours plus nombreuses, belles et joyeuses, l’été puis l'automne venus de fruits toujours plus savoureux. Pour mieux vous retrouver et vous régalez toujours plus.
En attendant, ne me trouvez donc ici point ingrate et recevez par la même occasion, il est temps mais jamais trop tard, mes bons voeux réchauffés 2022, lequel rime tout simplement avec ciel bleu, ou vieux, désolé je n’ai pas trouvé mieux, et non ce n'est pas forcément antinomique, et oui j’ai naïvement envie d’y croire. Laissez-moi vous consoler avec une recette d’ici de ce que j’ai mangé à midi. Une soupette pleine pour un moment vide. Pleine de couleurs et d’ingrédients, que vous trouverez facilement chez vous dans les épiceries asiatiques françaises. Revigorante et réconfortante. Elle m’a tout simplement été inspiré par le souvenir d’un petit séjour dans l’Est de la France, que nous avions visité pour se rapprocher de l’aspect extrême-oriental des choses à moindre frais. C’était il n’y a pas si longtemps, j'avais déniché au hasard d’une toute petite rue une gargote colorée qui ne payait pas de mine. Son nom m’avait plu tant il me rappelait celui d’un film : « La papaye verte ». Ne craignez jamais de prendre les chemins de traverse si vous voulez espérer un jour tomber sur une pépite. Une femme (ou deux ?) seule en cuisine y mijotai(en)t des soupes thaïlandaises comme je n’en avais encore jamais mangées, le bol rempli de saveurs débordantes d’herbes aromatiques toutes les plus fraîchement cueillies. La version asiatique de « La Soupette de Mémère » en quelque sorte ;)
Soupette "tom yum"
Il s'agit du plat national thaïlandais dans le top ten des meilleures soupes du monde ! Yes ! It is.
En thaïlandais :
Tom signifie bouillon.
Yum : salade composée. En effet cette recette est le mariage exact de la soupe et de la salade composée, relevée par une bonne diversité d’herbes aromatiques : tout ce que j’aime en quelque sorte !
INGRÉDIENTS :
Ne vous laissez pas impressionner par la quantité d’ingrédients, c’est le principe même d’une salade composée (version soupe aigre-douce acidulée pleine de peps), et l’exécution en est tout aussi simple.
Temps de préparation : une vingtaine de minutes
Temps de cuisson : une vingtaine de minutes
2l bouillon de volaille
20 crevettes décortiquées et crues, c’est mieux
200 gr de champignons (shitakés,…)
Une dizaine de tomates cerises ou à défaut vu la saison une bonne sauce tomate maison en bocal
2 oignons blancs
2 gousses d’ail
2 cuillères à café de sucre
HERBES :
un beau bouquet de cette coriandre atomique de mon petit maraîcher préféré
4 tiges de citronnelle en grosses rondelles
1 pouce de galanga ou gingembre tronçonné
Quelques de feuilles de citronnier fraîches
EPICES :
2 cuillères à soupe d’huile de sésame
1 petit piment rouge oiseau de Thaïlande ;)
2 cuillères à soupe de sauce de poisson (Nuoc Mam)
1 jus de citron vert
Ciselez et coupez tous les ingrédients. Ôtez les premières feuilles de la citronnelle et frappez les brins avec un petit maillet ou le dos d'un couteau pour libérer les saveurs. Décortiquez les crevettes si elles ne le sont pas déjà.
Faites revenir les oignons et l’ail. Déglacez avec le bouillon de volaille. Portez-le à ébullition avec la citronnelle, le gingembre, les feuilles de citronnier et faites cuire encore 5 minutes.
Ajoutez les tomates, les champignons et poursuivre la cuisson trois minutes.
Ajoutez le sucre, la sauce de poisson, l'huile de sésame, le jus de citron vert et le piment. Plongez les crevettes et poursuivre jusqu’à ce qu’elles soient cuites. Coupez le feu et rectifiez l’assaisonnement en sauce de poisson ou jus de citron pour plus de goût. Cette soupe ne doit pas être trop cuite et elle sera bonne et encore meilleure le lendemain.
Ajoutez les feuilles de coriandre juste avant de servir.
Version Soupette :
A mon bouillon de volaille, je rajoute un bouillon de crevettes maison que je réalise avec les carcasses que mon commis d’office a délicatement pris soin de dégager au moyen de ses deux petites mains expertes.
Vous n'êtes plus sans ignorer ma passion des herbes aromatiques, j’accompagne la coriandre de feuilles de menthe fraiche.
Pour un plat plus complet, je jette une poignée de nouilles de riz complet et voilà le repas.
Mémère
No stress, cette soupette est désormais consignée dans mon carnet de recettes pour votre plus riche héritage !
Ah j'oubliais...! Pour accompagner cette magnifique Soupette, je vous offre une fois encore un titre de choix issu de ma playlist.
Post Scriptum : les écrits et photos (excepté la vidéo) de ce post ne sont bien sûr qu’une fiction, dont les droits sont détenus par « A la Soupette de Mémère », et toute ressemblance avec la réalité n’est que pure coïncidence.
* Saint Exupéry, Le petit prince
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