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  • Photo du rédacteurMémère

Into the wild

Chers enfants,


Ouh là là, je me suis laissée surprendre ! Quand je lis les lignes précédentes, je me dis qu'il est grand temps de tourner la page. Sous peine d'être justement accusée d'anachronisme. Je resterai néanmoins dans le vert et célébrerai le début de cet automne fracassant avec une prose sauvage. Passerai du kit détente au kit survie en quelque sorte. Sans transition c'est sûr, mais il en va ainsi comme de la saison.

Lorsque je vois l'emballement du monde avec tous ces masques de comédie humaine, fictive ou réelle, parfois me prend l'envie de prendre mon chat, mon chien, ma poule, mon lapin, ma pintade, ma vache et ma jument, et, tel l'écrivain voyageur Sylvain Tesson*, d'aller respirer dans une cabane au fond des bois. Finalement il aura certainement raison, ce sera peut être cela le luxe ultime. Une cabane. Mais nul besoin de voler comme lui jusqu'en Sibérie, il y a encore quelques forêts dignes de ce nom par ici. Juste une petite envie de revenir à l'essentiel enseigné par les temps troubles du confinement. Souricette (ci-contre) avait alors bien compris qu'avec un peu d'imagination, on pouvait rejoindre les grands espaces sans sortir de son fauteuil (et sans alourdir son bilan carbone.)**



Trêve de blablas, l'objet de ce paragraphe est bien sûr encore une recette, n'y a t'il pas que ça de vrai ? Et que vous pouvez en plus concocter dans votre cabane.




Pigeons sauvages mijotés

aux petits oignons


Bon d'abord prenez un ami. Un homme des bois qui plus est. Pour préserver son anonymat, appelons-le Robin comme le surnomme ma copine Sylvette. Serinez à l'envie que vous rêvez de déguster les énormes pigeons qui squattent votre potager et qui goûtent à tout sans permission, mais que malgré votre Winchester et votre lance-pierre, rien n'y fait, et ni une ni deux, voilà votre Robin qui vous descend un bon matin trois beaux volatiles de son terrain. Boisé bien évidemment. Et qui retourne en plus vous les plumer et vous les vider.

Sans plus tarder, allumez votre cuisinière à bois.

Prenez une gamelle qui a vécu et faites-y revenir de l'ail et des petits oignons. Puis les pigeons. On peut aussi les couper en deux dans le sens de la longueur si on est pressé. Mais pour moi c'est trop cruel. Et je ne suis pas pressé.

Ajoutez un peu d'eau, pour moi un peu de Chardonnay, et laissez cuire à feu doux pendant une heure ou deux. C'est long mais c'est du gibier (comme dirait Robin). "Il faut attendrir la chair."

Environ une demi-heure avant la fin de la cuisson, rajoutez des petites pommes de terre que vous êtes allés déterrer pour l'occasion, du basilic frais et des raisins secs.

Et surtout, appelez une bonne amie, mais oui on peut en trouver une même au fond des bois, en l'occurrence Sylvette, (c'est essentiel pour ne pas finir bêtement comme dans le fameux film Into the wild***). Bien sûr n'oubliez pas cette satanée distance. Oui même au fond des bois.

Comme l'avait judicieusement fait remarquer un petit garçon, sur cette photo, j'ai pris cher. Merci petit...


Arrive enfin le moment de déguster. Et il est même autorisé de mettre les doigts.

Merci Robin, ce plat n'est pas de fête mais à lui seul une fête. Une fête de la vie.


"Branchez" votre phonographe sur un air de Dominique A. Vous y êtes.

Mémère


* Sylvain Tesson, Dans les forêts de Sibérie, 2011

** Sylvain Tesson, La panthère des neiges, 2019

*** Sean Penn, Into the Wild, 2007




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